Tableau (3)

Tableau (3)

Tableau (3)

 

On chercherait peut-être en vain, ensuite, la cohérence de mon travail pictural. On y trouve des tableaux à caractère religieux, pas mal de paysages et quelques natures mortes. Au gré de mes impulsions.

 

Parlons des paysages. Un coin de nature. J’ai toujours eu en horreur viscérale les paysages conventionnels, creux d’émotion. Pour moi tout coin de nature est apte à être peint si à un moment donné, il nous a fait vibrer. Se laisser guider par l’émotion esthétique. Quelques thèmes peut-être m’attirent plus que d’autres comme un petit bout de chemin, une trouée entre des arbres. L’hiver est une saison bien intéressante à peindre par la subtilité de ses couleurs et souvent l’inversion des tons chauds et froids. Mais la végétation luxuriante du printemps ne me déplait pas non plus.

La verdure de l’été est en général désespérante pour le peintre qui commence. Du vert, trop vert, trop de verts différents qu’on maîtrise mal. J’ai souvent vu des élèves littéralement écoeurés de ne faire que des « plats d’épinards ». C’est pourquoi je leur conseillais souvent d’abord de ne jamais utiliser de vert mais toujours une combinaison de bleu (de Prusse) et de jaune et ensuite surtout, surtout de l’habiter (1) de rouge. D’user leurs yeux à trouver des traces de rouge (vermillon, carmin, violet, mauve) dans tout ce fatras de verts.

Le mythe du paysage en extérieur. Qui a la vie dure depuis la fin du XIXème siècle, le mythe de l’Ecole de Barbizon ! Combien j’ai vu de gens s’enquiquiner à trimballer leur matériel dehors (je vous assure que peindre dehors ce n’est pas une sinécure !), pour finalement reproduire sur leur toile le stéréotype qu’ils ont dans la tête. Cela avait le don de m’agacer. Alors je leur racontais – peut-être en vain mais tant pis – ma théorie sur le général et le particulier. Un vrai peintre c’est celui qui à partir d’un point de vue particulier et précis (ce chemin, cette maison, ce nuage, cet arbre), parce qu’il en rend l’essence même, le transforme en universel et ce qui l’a fait vibrer lui même, alors, pourra faire vibrer l’autre. Alors que celui qui peint un stéréotype fait le processus inverse : d’une idée soi-disant générale (un champs de lavande, un vieux pont), il le rapetisse en son produit personnel qui ne plait qu’à lui et à son voisin qui est son semblable.

Si à mes débuts je faisais de grands paysages, très vite j’ai préféré de tout petits formats. Souvent des petits morceaux de bois, rencontrés par hasard et que je prépare. Cela avait le double avantage : j’aime la résistance du bois pour pouvoir gratter, érafler, balayer et d’autre part le format était peu conventionnel (plus carré ou plus allongé, au gré du hasard).

 

KT 2000

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